Vous êtes ici : Accueil > Actualités & Agenda > Chrysomèle de la racine du maïs : tour d'horizon de la gestion du ravageur

Chrysomèle de la racine du maïs : tour d'horizon de la gestion du ravageur

Accéder aux flux rss de notre siteImprimer la page

Quelles mesures mettre en place dans les Charentes ?

Petit coléoptère américain, la chrysomèle ou diabrotica virgifera virgifera a progressivement colonisé les terres d’Europe. Cet insecte ravageur du maïs a été détecté pour la première fois en 2017 en Charente et tend à se développer sur notre territoire. Depuis son arrivée en Europe, connaissances et expérience ont fait évoluer les stratégies de lutte, et les pays et régions touchés apprennent à vivre avec.

L’évolution de la stratégie de lutte en France

Ce ravageur émergeant est souvent retrouvé en 1er lieu dans une parcelle de maïs proche d’infrastructures logistiques ou de transports (aéroport, plateforme logistique, aire d’autoroute). Les populations se développent alors et s’étendent en « saut de puce », d’années en années. Cet insecte, principal ravageur du maïs dans les plaines continentales américaines, était initialement classé par l’Union européenne sur la liste des ravageurs de quarantaine.
La stratégie d’éradication a laissé place à celle du confinement en 2011 dans les deux régions les plus touchées (Alsace et Rhône-Alpes), avec pour objectifs de réduire la densité de population de l’organisme nuisible à un niveau limitant le risque de propagation dans les régions voisines encore indemnes. Puis en 2014, les mesures réglementaires visant l’éradication ou le confinement ont été abrogées. Désormais, la lutte est basée sur des recommandations techniques dans un objectif de protection de la culture du maïs maintenant les populations du ravageur en dessous des niveaux susceptibles d’occasionner des dégâts économiques. C’est un changement majeur dans le raisonnement de la lutte contre ce ravageur.

Que nous apprennent les autres régions ?

Ce ravageur est arrivé en Europe il y a bientôt 30 ans, ce qui nous permet de profiter en Charente d’un certain recul sur l’arrivée du ravageur.


Le délai entre la détection de 1ers individus et l’apparition des dégâts est très variable. En Europe centrale (Hongrie, Slovaquie), il n’y a eu que 4 ou 5 ans entre la détection des premiers individus et les premiers dégâts économiques. C’est dans un contexte de monoculture de maïs en régime pluvial, en climat continental, où aucune action préventive n’avait été mise en place, et la conjonction avec un climat très sec que les premiers dégâts ont été observés. En Lombardie (Italie), sur des maïs tardifs en contexte irrigué, il y a eu 9 à 10 ans entre la détection et les premiers dégâts constatés. En France, une première parcelle versée, à cause en partie de la chrysomèle a été constatée en Rhône-Alpes en 2019, 10 ans après l’arrivée de la chrysomèle dans le secteur.


De manière générale, on remarque que les situations de stress hydriques sont les plus préjudiciables en cas de présence de chrysomèle, les larves affaiblissant le système racinaire. Ainsi, toutes les pratiques favorables au bon développement racinaire au printemps sont à privilégier pour limiter l’impact du ravageur : semis précoces, engrais starter. En outre, les maïs irrigués seront impactés moins rapidement.
Le premier facteur de développement du ravageur sur une région est la proportion de maïs en monoculture, ainsi que la sole de maïs sur le territoire. La chrysomèle est inféodée à la culture de maïs : les larves doivent se nourrir des racines de maïs pour parvenir à un complet développement. De fait, la rotation est un levier à actionner en priorité. La population de ce ravageur devrait logiquement s’accroître lors des prochaines années dans la région, car les conditions climatiques et de culture le permettent. Les zones à dominance de monoculture présentent un risque plus important.


Les adultes peuvent voler entre 10 et 50 km de leur lieu d’émergence, donc plus il y a de parcelles de maïs à proximité, plus le ravageur se développe rapidement.
A la lumière de ces quelques exemples, on sait que la population de ce ravageur devrait logiquement s’accroître lors des prochaines années dans la région, car les conditions climatiques et de culture le permettent. Cependant, la pression est pour l’instant en dessous des seuils de nuisibilité même sur les secteurs historiques. Dans les zones où le maïs est assolé, le développement des populations au sein d’une parcelle devrait être relativement modeste. En revanche, les zones à dominance de monoculture présentent un risque plus important.


Quelles mesures mettre en place dans les Charentes ?

La stratégie de lutte actuelle ne vise donc plus l’éradication, mais bien le maintien de l’abondance de population du ravageur à un niveau n’entrainant pas de perte économique significative.
Sachant que la lutte contre la chrysomèle du maïs présente une meilleure efficacité et un coût plus réduit lorsque qu’elle est anticipée, il est donc impératif de mettre en place les mesures de lutte dès maintenant. Pour cela, la stratégie de lutte repose sur deux piliers :

  • mettre en place un réseau de surveillance dans le but de disposer d’informations fiables et objectives sur la répartition du ravageur, nécessaires pour effectuer des conseils cohérents en fonction du niveau de risque. Pour cela, un réseau de surveillance renforcée est mis en place depuis plusieurs années. Tout agriculteur ou conseiller peut y participer en contactant son conseiller de la Chambre d’agriculture.
  • mettre en oeuvre les recommandations techniques sur les zones concernées. Au vu de l’incapacité des larves à se développer au printemps sans racines de maïs, la mesure préconisée à l’heure actuelle est la mise en place d’une autre culture l’année suivante sur les parcelles touchées et avoisinantes. Ces mesures seront plus efficaces si seront déployées collectivement.

Les niveaux de population de chrysomèle du maïs sont désormais trop élevés pour prétendre à l’éradication du ravageur. Mais d’un autre côté, les populations sont pour l’instant bien en deçà d’un seuil de nuisibilité. Dans cette optique, le recours à des insecticides du sol pour lutter spécifiquement contre ce ravageur présente peu d’intérêt.


En effet, malgré une relative efficacité, le taux d’accroissement du ravageur est tel qu’il ne permet pas d’endiguer le développement d’une population. Cette solution sera envisagée lorsque les niveaux de populations seront proches des risques de nuisibilité afin de protéger les cultures (tout comme l’on protège les parcelles à risque taupins, sans prétendre éradiquer le ravageur), espérons-le, le plus tard possible.


Les préconisations dans les détails :
https://www.arvalis-infos.fr/ma-s-l-essentiel-des-preconisations-pour-la-campagne-2019-@/view-20590-arvarticle.html

Contacts :
Lise GOUAUD-LECOQ, Chambre d’Agriculture de la Charente : lise.gouaud@charente.chambagri.fr
Khalid KOUBAÏTI, FREDON Nouvelle-Aquitaine : khalid.koubaiti@fredon-na.fr
TSCHEILLER Romain, Arvalis Institut du Végétal : r.tscheiller@arvalis.fr

Contact rapide

Vos coordonnées

Les informations marquées d'un astérisque sont obligatoires et nécessaires au traitement de votre demande de contact. A défaut, nous ne sommes pas en mesure de répondre à votre demande.

En savoir plus sur notre politique de protection de vos données personnelles

Votre demande