Comment diminuer le risque pyrale et sésamie du maïs ?

En septembre la Chambre d’Agriculture de la Charente a prospecté, en partenariat avec la FREDON Poitou-Charentes, une dizaine de parcelles de maïs dans le sud du département. Les observations ont permis de noter les attaques de pyrales et sésamies, sur tiges et épis, ainsi que le nombre de larves total ou ayant atteint le stade leur permettant de passer l’hiver (G1).
Cette prospection à l’automne a pour objectif principal d’évaluer le niveau d’attaque et d’infestation par les pyrales et les sésamies ainsi que de cartographier le risque potentiel de ces ravageurs pour la prochaine campagne de maïs (en 2021).
Pour rappel : les premières captures de sésamies ont été faites début mai marquant le début du vol. Les piégeages se sont ensuite intensifiés pour atteindre un pic de vol vers le 20 mai. Les conditions météo de fin mai début juin ont été favorables à la ponte et à l'éclosion des premières larves de sésamies.
Pour les pyrales les toutes premières captures ont été enregistrées début mai. Le vol a été partiellement perturbé par des conditions météo instables et n'a atteint son pic que vers fin mai début juin. Les premières pontes et éclosions ont été précoces dans le sud de la Charente avec les premières observations dès début juin, confirmées au 10 juin.
Graphique 1 : pourcentage d’attaque des foreurs sur tige et épi par canton
Sur les résultats obtenus (graphique 1), une variabilité importante est notée d’une parcelle à l’autre et d’un secteur géographique à l’autre. Une première analyse des données montre que les attaques sur tiges sont en général modérées avec près de 61% d’attaques sur tiges et 32% sur épis. Sur ces épis, la fusariose était peu présente.
En comparaison avec la dernière campagne d’observations (2019), ces attaques sont en diminutions sur la majorité des ex-cantons prospectés (graphique 2).
Graphique 2 : pourcentage d’attaque des foreurs sur tige par canton de 2015 à 2020
Certains secteurs présentent des attaques plus importantes comme sur les ex canton de Barbezieux et de Brossac.
La variabilité des attaques sur tiges s’explique essentiellement par le nombre moyen de larves par plante (pyrale ou sésamie de tous stades). Cette année ce nombre ne dépasse 1 individu par plante (graphique 3) que dans une seule situation où de fortes attaques sur tiges ont aussi été observées.
Graphique 3 : nombre moyen de larves par tige et par canton
Pyrale et sésamie réalisent quasiment chaque année deux générations. C’est la deuxième génération qui fait les principaux dégâts économiques et sanitaires.
Cette année encore ce sont principalement des larves de première génération (populations de larves hivernantes L4, L5, de grosse taille) qui ont été retrouvées aussi bien pour la sésamie (0.29 larves/pied), que pour la pyrale (0.27 larves/pied). Une fois l’hiver passé ce sont ces populations qui pourraient être à l’origine d’attaques sur les futurs maïs (année N+1).
Pour observer une mortalité significative des foreurs il faudrait un hiver très rigoureux : plusieurs jours consécutifs à - 7° C pour toucher les larves de sésamies dans les tiges ou à - 12° C pour les larves de sésamies à l’abri dans les pivots des maïs. Quant aux pyrales, moins sensibles au froid hivernal, elles peuvent résister jusqu’à des températures de -20° C. Autant dire qu’en Charente les conditions climatiques seules n’auront pas d’influence sur la gestion des populations larvaires.
Toutes ces données doivent inciter à être vigilant sur la gestion des résidus pour limiter la présence de population pouvant présenter un risque pour les maïs de la campagne suivante. En l’absence de contrôle, les chenilles de pyrale et de sésamie peuvent causer des ravages importants sur la culture. Elles creusent des galeries au sein des tiges, ce qui provoque l’affaiblissement physiologique de la plante avec comme conséquence principale une baisse du poids de mille grains. Dans les cas les plus graves, les tiges cassent et les épis tombent avant la récolte. Au-delà des dégâts directs, les blessures infligées par les insectes favorisent l’entrée de Fusarium et augmentent le risque de dégradation de la qualité sanitaire.
Sur les parcelles impactées par les ravageurs cet été, il est important de broyer et enfouir les résidus pour réduire le stock de larves et limiter ainsi la pression des ravageurs l’an prochain. Le broyage systématique fin et au ras du sol réalisé tôt après la récolte avec un broyeur à axe horizontal permet de détruire les larves ou de les exposer au froid et aux prédateurs. Cette intervention peut permettre d’éliminer 50 à 70% des larves. Attention, le broyeur sous bec des moissonneuses n’a pas une efficacité suffisante en comparaison à un passage spécifique de broyeur post récolte.
L’incorporation des résidus est la seconde étape indispensable qui réduit encore les chances de survie des larves. Le labour, permettant d’enfouir à une plus grande profondeur, sera plus efficace que les autres techniques de travail du sol.
D'autres stratégies de luttes, utilisées en végétation, peuvent aussi permettre de contrôler l'impact de ces ravageurs. Il s'agit de solutions curatives qui consistent à protéger le maïs avec des insecticides ou d’appliquer des trichogrammes en début de vol de papillons de pyrales pour viser les premières pontes. Pour rappel dans les situations à risques pyrale et sésamie, comme en Charente, il reste difficile de viser à la fois les pyrales et les sésamies de façon optimale en un seul et même passage puisque les périodes d’application des ravageurs est décalée. La date de traitement ne coïncidant pas il est souvent constaté un manque d’efficacité sur un des deux ou les deux ravageurs.
Les différents suivis biologiques (chrysalides, vol et pontes), comptages et observations réalisés en cours de campagne, ainsi que les informations relayés par le bulletin du Santé du Végétal notamment, sont indispensables car ils permettent de définir les périodes les plus optimales d’intervention selon le mode d’action de la protection choisie.