La lutte contre la pyrale et la sésamie s'organise dès maintenant !

Les observations ont permis de noter les attaques de pyrales et sésamies, sur tiges et épis, et le nombre de larves total ou ayant atteint le stade leur permettant de passer l’hiver (G1).
Cette prospection à l’automne a pour objectif principal d’évaluer le niveau d’attaque et d’infestation par les pyrales et les sésamies, de cartographier le risque potentiel de ces ravageurs pour la prochaine campagne de maïs (en 2020) afin de pouvoir envisager des actions de lutte.
Prospection et analyse de la présence de pyrale et sésamie
Pour plus d'infos sur les piégeages effectués au printemps, cliquez ici.
Graphique 1 : pourcentage d’attaque des foreurs sur tige et épi par canton en septembre 2019
Sur les résultats obtenus (graphique 1), une variabilité importante est notée d’une parcelle à l’autre et d’un secteur géographique à l’autre. Une première analyse des données montre que les attaques sur tiges sont en général modérées à forte près de 67% d’attaques sur tiges et 35% sur épis.
Sur ces épis, la fusariose était peu présente.
En comparaison avec les deux dernières campagnes (2017 et 2018), ces attaques sont plus élevées (voir graphique en cliquant ici), notamment dans le nord-ouest du département ainsi que sur les cantons de Gond Pontouvre et Brossac (dans le sud de la Charente).
On note également une variabilité des attaques sur tiges, selon le nombre de lavre par plantation, par canton. Plus d'infos en cliquant ici.
Ces populations larvaires sont plus importantes dans le nord du département où la sésamie, peu présente par le passé, devient plus importante que la pyrale. Cette prospection confirme la progression des populations de sésamies vers le nord de l’ex région Poitou-Charentes. La prise en compte de ce ravageur dans l’analyse du risque, en plus de la pyrale est à considérer pour les prochaines campagnes.
Pyrale et sésamie réalisent quasiment chaque année deux générations. C’est la deuxième génération qui fait les principaux dégâts économiques et sanitaires.
Cette année se sont principalement des larves de première génération (populations de larves hivernantes L4, L5, de grosse taille) qui ont été retrouvées aussi bien pour la sésamie (0.39 larves/pied), que pour la pyrale (0.43 larves/pied). Une fois l’hiver passé ce sont ces populations qui pourraient être à l’origine d’attaques sur les futurs maïs (année N+1).
Pour observer une mortalité significatives des foreurs il faudrait un hiver très rigoureux : plusieurs jours consécutifs à - 7° C pour toucher les larves de sésamies dans les tiges ou à - 12° C pour les larves de sésamies à l’abri dans les pivots des maïs. Quant aux pyrales, moins sensibles au froid hivernal, elles peuvent résister jusqu’à des températures de -20° C. Autant dire qu’en Charente les conditions climatiques seules n’auront pas d’influence sur la gestion des populations larvaires.
Toutes ces données doivent inciter à être vigilant sur la gestion des résidus pour limiter la présence de population pouvant présenter un risque pour les maïs de la campagne suivante. En l’absence de contrôle, les chenilles de pyrale et de sésamie peuvent causer des ravages importants sur la culture. Elles creusent des galeries au sein des tiges, ce qui provoque l’affaiblissement physiologique de la plante avec comme conséquence principale une baisse du poids de mille grains. Dans les cas les plus graves, les tiges cassent et les épis tombent avant la récolte. Au-delà des dégâts directs, les blessures infligées par les insectes favorisent l’entrée de Fusarium et augmentent le risque de dégradation de la qualité sanitaire.
Quels sont les moyens de lutte ?
Sur les parcelles impactées par les ravageurs cet été, il est important de broyer et enfouir les résidus pour réduire le stock de larves et limiter ainsi la pression des ravageurs l’an prochain. Le broyage systématique fin et au ras du sol réalisé tôt après la récolte avec un broyeur à axe horizontal permet de détruire les larves ou de les exposer au froid et aux prédateurs. Cette intervention peut permettre d’éliminer 50 à 70% des larves. Attention, le broyeur sous bec des moissonneuses n’a pas une efficacité suffisante en comparaison à un passage spécifique de broyeur post récolte.
L’incorporation des résidus est la seconde étape indispensable qui réduit encore les chances de survie des larves. Le labour, permettant d’enfouir à une plus grande profondeur, sera plus efficace que les autres techniques de travail du sol.
D'autres stratégies de luttes, utilisées en végétation, peuvent aussi permettre de contrôler l'impact de ces ravageurs. Il s'agit de solutions curatives qui consistent à protéger le maïs avec des insecticides ou d’appliquer des trichogrammes en début de vol de papillons de pyrales pour viser les premières pontes. Pour rappel le Dimilin flo (commercialisé par De Sangosse, à base de diflubenzuron) efficace uniquement sur sésamie s’est vu retiré son usage maïs, entre autres, en 2018. Son action larvicide et ovicide permettait d’avoir de bons résultats sur la gestion de la première génération de sésamie. D’autres solutions chimiques existent aujourd’hui. Dans les situations à risques pyrale et sésamie, comme en Charente, il reste difficile de viser à la fois les pyrales et les sésamies de façon optimale en un seul et même passage puisque les périodes d’application des ravageurs est décalée. La date de traitement ne coïncidant pas il est souvent constaté un manque d’efficacité sur un des deux ou les deux ravageurs.
Les différents suivis biologiques (chrysalides, vol et pontes), comptages et observations réalisés en cours de campagne, ainsi que les informations relayés par le bulletin du Santé du Végétal notamment, sont indispensables car ils permettent de définir les périodes les plus optimales d’intervention selon le mode d’action de la protection choisie.