Millésime 2019 : météorologie, maladies et ravageurs
Automne 2018 : doux et humide, avec des températures supérieures de 1,0 °C et un excès de précipitations de 29 mm en moyenne.
Hiver : très doux avec +3,5 °C par rapport à la moyenne décennale, contribuant à un débourrement plus précoce d’une semaine environ. Déficit marqué de pluviométrie avec seulement 128 mm de pluie, contre 222 mm pour la moyenne décennale.
Avril et mai : fraîcheur prononcée avec -1,9 °C en moyenne et un premier épisode de grêle dans le sud et l’est du département le 25 avril. Les épisodes de gel des 5 et 6 mai ont fortement touché le vignoble sur environ 15 % des surfaces et le déficit de température sur tout le mois de mai a retardé la reprise de végétation. La pluviométrie est restée en retrait avec un déficit de 17 mm sur cette période.
Première quinzaine du mois de juin : conditions fraîches et humides avec un épisode tempétueux le 7/06, des températures moyennes déficitaires (16,3 °C) et 77 mm de pluie enregistrés en moyenne. Le début de la floraison peine à s’enclencher sous ces conditions. Le déficit de température lorsque la floraison s’enclenche induit des phénomènes de coulure sur certaines parcelles.
Seconde quinzaine du mois de juin : la transition a été franche, les températures moyennes augmentent sensiblement avec des épisodes caniculaires sur la fin du mois (26 et 27/06), et les pluies sont plus rares (9 mm en moyenne). Un nouvel épisode de grêle est relevé le 18 juin en secteur de grande champagne sur un axe Archiac - Salles d’Angles.
Juillet et août : chauds et secs (+2,0 °C en moyenne), avec une période de canicule du 21 au 25 juillet et une sécheresse prononcée en août (-18 mm de pluie par rapport à la moyenne décennale). Le vignoble est arrosé les 26 et 27 juillet (20 à 30 mm en moyenne) puis quelques épisodes pluvieux se succèdent au mois d’août répartis de façon très hétérogène (7, 11 et 27/08).
Sur l’ensemble du millésime, d’octobre 2018 à septembre 2019, les relevés agro-météorologiques des Charentes ont enregistré une hausse des températures de 5,5 °C et un déficit de précipitation de 95 mm par rapport à la moyenne décennale.
Quelle incidence sur la pression maladie de cette année ?
Mildiou : La maturité des œufs d’hiver a été atteinte vers le 15 avril. Cette année la pression a été plus faible que 2018 malgré des pluies régulières jusqu’à la mi-juin. Le net déficit de températures sur le mois de mai a fortement perturbé l’installation de la maladie au vignoble. En effet et pour rappel, les oospores ne germent qu’en présence d’eau libre pendant plus de 2 h avec des températures dépassant les 11 °C pour donner lieu aux contaminations. Les faibles températures ont aussi eu pour effet d’allonger sensiblement les durées d’incubation. Les conditions pour initier les contaminations et engendrer la sporulation ont rarement été favorables d’où l’apparition tardive des symptômes de mildiou. Néanmoins dans quelques situations sensibles, la dynamique de contamination a pu s’enclencher rapidement avec les premiers symptômes dès la mi-mai (zone littorale) avec parfois une progression rapide sur feuilles et de rot gris sur grappes dès la mi-juin (secteur des Béguillères…) nécessitant une intervention sur certains témoins fin juin.
Black rot : Une partie du vignoble charentais a été touchée par une forte attaque de Black rot en août suite aux pluies d’orage de la fin du mois de juillet. Une température entre 23 et 25 °C ainsi qu’une durée d’humectation longue favorisent le développement de ce champignon. A cette période, la protection phytosanitaire face au Black rot est plus aléatoire. La recrudescence des attaques de ce champignon impose de rester vigilant face à cette maladie en présence d’inoculum local. L’utilisation de produits anti-mildiou ou anti-oïdium ayant également une action anti-black rot est fortement recommandée jusqu’à la fin véraison, stade de fin de sensibilité des grappes reconnu.
Oïdium : La pression a été assez similaire voire légèrement plus tardive que celle observée en 2018 jusqu’à la moitié du mois de juillet. Puis les conditions très chaudes et humides ont favorisé la propagation des spores et la contamination des organes sensibles, directement sur grappes dans de nombreuses situations. Dans ce cas-ci comme pour le précédent, la protection phytosanitaire contre l’oïdium doit être maintenue jusqu’à la toute fin du stade de sensibilité des grappes.
Maladies du bois : la transition d’une période humide vers une séquence chaude et sèche à partir de la mi-juin, peut expliquer les premiers symptômes précoces d’Esca-BDA au mois de juillet. L’extériorisation des symptômes d’Esca et de BDA s’est accentuée fortement sur la dernière décade d’août. Cette année, l’Observatoire Maladies du bois a noté une augmentation du nombre de pieds atteints par l’eutypiose (5,0 %) et l’Esca/BDA (6,7 %) par rapport à l’année précédente avec surtout une augmentation de symptômes dit « faibles ».
Évolution de la pluviométrie et de la température moyenne 2019 par rapport à leurs moyennes décennales 2009-2018.